Un matin de 1715, en pleine Mer des Caraïbes, un galion espagnol sort d'une tempête. Si l'équipage est fier d'appartenir à un Capitaine aussi expert et qui vient de les sortir d'une situation périlleuse, le Premier Officier n'en semble pas pour autant heureux. Le convoi auquel il appartient est dispersé et son navire transporte une cargaison susceptible d'attirer la convoitise des pirates. Du Honduras à Porto Rico, les eaux sont infestées de pilleurs des Mers. A tel point que plus aucun vaisseau espagnol ne quitte un port des Indes Occidentales sans escorte militaire. Puis la vigie hèle la dunette : « Une voile à sabord par le travers ! ». Un brick file droit sur eux, sans arborer le moindre insigne. Le capitaine du lourd galion n'aime pas la trajectoire du navire qui fend sur lui : il devine qu'il va se placer parallèlement. Son Lieutenant essaie de le rassurer : aucun canon n'arme ce navire, qui doit être de la marchande. Le vaisseau espagnol tire cependant un coup de semonce, mais il est trop tard, au moment où le coup de canon part à blanc, sur le flanc à bâbord du brick, des panneaux s'ouvrent, dévoilant une impressionnante volée de canon. Le galion espagnol est criblé et pris à l'abordage pendant qu'est hissé le drapeau noir à tête de mort : Barbe Rouge a encore frappé !
Le 29 octobre 1959 sortait le premier numéro de l'hebdomadaire Pilote. Astérix, Tanguy et Laverdure ou Jacques Le Gall, (une autre série écrite par Jean-Michel Charlier et dessinée par MiTacq), se partageaient le sommaire. Pour fêter ses 60 ancres, les moussaillons de Dargaud ont fait les choses en grand, avec une édition de la dimension d'un galion. Et par les tripes du Diable, mes garçons, en voilà un bout d'histoire de la BD, savoureux comme un bon bout de viande séchée. Le livre en lui-même, avec son format géant, son dos de couverture entoilé, en fait un véritable objet de collection. Et puis, du 9ème art par Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon, la seule évocation de Barbe Rouge suffit à séduire aussi tous les fans de Buck Danny du Journal Spirou ! Alors, bien évidemment, Pilote est une revue mythique et c'est un magnifique hommage au pirate le plus célèbre de la BD que d'avoir consacré sa première aventure en 62 planches aux couleurs de la quadrichromie d'antan. Vintage et exotique, élégant comme seul Hubinon savait dessiner, frais et théâtral, si proche de la piraterie hollywoodienne, cette réédition est spéciale, jusqu'à reproduire les pages écrites par Georges Fronval, qui bordaient les épisodes et retraçaient l'authentique histoire de la flibuste au XVIIème siècle. Une véritable madeleine de Proust !
